Le van s'avança dans l'allée du nouveau haras. J'étais arrivée la veille au soir et mon cheval arrivait aujourd'hui. Etant trop excitée, je n'avais pu dormir et dès l'aube j'avais nettoyé à fond le box libre et tout était prêt quand le van arriva.
Je saluai le conducteur qui fis descendre le magnifique étalon bai. Ce dernier descendis la rampe avec grâce avant de s'arrêter pour observer les alentours. De toute sa hauteur, il détailla son nouvel environnement. On le conduisit à son box puis j'accompagnais le "livreur" au club house pour remplir les papiers.
Le monsieur s'en alla ensuite.
A midi, soit une heure après, je donna à manger et à boire à mon nouvel étalon qui était sage comme un ange et nullement perturbé par le voyage.
Deux heures après, le temps de manger, je reviens voir l'étalon pour s'avoir comme il allait. Ce qui se passa me cloua sur place. A la place du doux étalon d'il y a deux heures, se tenait un Shire dresser sur toute sa hauteur, fou furieux qui poussait des hennissements de peur. La nouvelle jument de Cerise noire, elle, ne bronchait pas. Je m'approchai de l'étalon qui à ma vu se blottit tout au fond du box. C'est là que je compris, pour me le vendre sans problème, ils avaient "drogué" le cheval fou. Je sus tout de suite ce qu'il fallait faire: il fallait qu'il m'accepte. Pendant ma réflexion, Voyou avait changer de position et s'était rué sur la porte du box toute dents dehors. Je n'eus qu'une seconde pour reculer. Sa mâchoire claquait dans le vide. Je regardais sa nourriture, vide. Je pris un siège et m'assis devant le box. Voyou me lançait des regards noirs de peur et continuait son petit manège pour m'impressionner. Et moi, je ne brochais pas. Au bout d'un moment, il en eut assez et se mis à mâchouiller la paille de son box. Je me rapprochais légèrement. Mais cela ne lui plut pas et il se cabra.
Je restai toujours immobile. Je crois que ce petit tour dura longtemps car Lawson vint nourrir les chevaux. Voyou ne s'arrêta pas pour autant. Je demandais à Lawson de me laisser sa ration, ce qu'elle fit, et je me remis à ma place. Je ne discernais que de la peur dans ses yeux mais cette peur donnait raison à sa folie. Je me demandais ce qu'il avait vécu pour avoir peur comme ça.
Je ne sais combien de temps je l'observais faire sa ronde dans son box, donnant des coups de dents et de sabots dans le vide, se cabrant. Mais, Lawson vint me chercher en me disant qu'il commençait à être tard. Je m'approchais du box et Voyou se colla contre la parois du fond. Doucement je fis glisser le seau de nourriture dans le box puis m'en alla, à mon grand regret : je ne voulais pas le laisser comme ça.